Vers une agriculture plus propre
Co-construction avec la recherche agronomique, partage de connaissance entre agriculteurs et entraide sont désignés comme quelques-uns des ressorts pour une agriculture agro-écologique bénéfique à tous.
Freddy Grandisson, installé à Petit Bourg depuis 2006 possède une exploitation agricole qui se décline en plusieurs productions tant végétales qu’animales.
« Quand je me lève le matin, chaque jour est abordé comme un défi. Pour un agriculteur, rien n’est acquis et chaque plantation est un essai », reconnaît-il.
Il est évident, dans son cas, qu’entre les parcelles de bananes, canne à sucre, plantes maraîchères et les élevages de poules pondeuses, porcs et bovins, il y a de quoi faire ! A cela s’ajoute son investissement auprès d’un groupement de producteurs.
« Dans ce métier, vos capacités d’adaptation sont souvent sollicitées. Il faut être en mesure de s’adapter aux contraintes phytosanitaires, au changement climatique, aux comportements des consommateurs ». A propos de ce dernier facteur, Freddy Grandisson observe en souriant les réactions fiévreuses à l’occasion de certains épisodes. « En 2009, lors de la crise sociale et en 2020 durant la période de confinement, la consommation de produits agricoles a augmenté et un plus grand nombre de consommateurs s’est soudain intéressé aux exploitants agricoles. Il faut dire que les supermarchés étaient fermés ou leur activité réduite. Mais cet engouement n’a pas duré ».
Quel regard jette-t-il sur le milieu agricole local ?
Face aux nombreux challenges à relever, il prône une vision d’échanges et d’entraide. « Il n’est pas facile de faire tomber l’individualisme chez les agriculteurs, mais il importe de partager nos connaissances. La véritable entraide fera grandir l’agriculture guadeloupéenne ».
Les organismes de recherche, tel l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE, auparavant INRA) sont perçus comme des partenaires incontournables.
« Les travaux menés par l’INRAE m’intéressent depuis longtemps. Les agriculteurs ne sont pas des chercheurs et ne possèdent pas toujours le matériel végétal et animal nécessaires à leur activité. Aussi, l’apport de la recherche agronomique est important et pourrait être encore plus constructif ».
Il reconnaît que ses débuts avec l’INRAE ne se sont pas déroulés dans les meilleures conditions. « Les premières fois que j’ai été sollicité, je n’ai pas eu de retours sur les investigations réalisées chez moi. Et cette manière de travailler ne m’a pas plu. Quelques temps plus tard, une chargée de mission à l’INRA m’a convaincu de faire partie des agriculteurs qui préconisaient une démarche de co-construction avec la recherche. Par la suite, j’ai répondu à plusieurs sollicitations et j’ai intégré le groupe de travail autour du projet AgroEcodiv ».
Freddy s’est impliqué, pour ce projet, dans la mise en place de la ferme pilote en polyculture/élevage. Cette ferme, installée au Domaine Duclos et conduite par Audrey Fanchone, Ingénieur de recherche à INRAE, met en musique des techniques relevant de l’agro-écologie et qui visent l’absence d’intrants et de pesticides de synthèse. A propos de cette orientation, Freddy intervient : « Le non recours au chimique est un bel objectif. Mais nous sommes dans une phase de transition où il s’agit d’encourager intelligemment à arrêter le tout chimique en faveur de méthodes plus respectueuses de l’environnement et de la santé ».
Partisan de l’agro-écologie, il rappelle que ce concept n’est pas nouveau en Guadeloupe. Il existe depuis bien longtemps sans qu’on ait su le nommer.
Freddy Grandisson reste également persuadé que pour faciliter l’adoption par les agriculteurs guadeloupéens de techniques plus propres, il importe de poursuivre les échanges co-constructifs et d’implanter dans différentes zones du territoire (pour prendre en compte les particularités agro-pédo-climatiques) des micro-fermes agro-écologiques de démonstration.
« Notre agriculture n’a rien à envier à personne. Nous avons ce qu’il faut pour nous en sortir ».